Une fois arrivé à Shanghai, il est paraît-il fortement recommandé de se faire connaître auprès des autorités locales sans quoi on vous attribuera l’étiquette d’ “illegal alien”. Croyez-moi, cette épée de Damoclès me menaçant, j’ai ce matin décidé d’aller passer le bonjour aux représentants des forces de l’ordre.
Bien qu’ayant déjà entrepris cette démarche par le passé, je demande à une collègue chinoise de s’assurer du lieu où je dois me rendre (qui bien sûr dépend de votre lieu de résidence), ainsi que les pièces justificatives à emporter. Mon passeport et mon contrat de location poche je saute dans le premier taxi et lui demande poliment de foncer vers le commissariat de Police “ni hao, Gui Zhou Lu 85 hao !”… là où d’autres chauffeurs seraient déjà en train de passer la 5ème fonçant vers Gui Zhou Lu, ce chauffeur la ne bouge pas d’un iota. Un homme arrive vers le taxi … après une courte conversation je descends et lui cède la place. A priori c’était “son” taxi à moins que … non ce n’est pas possible il n’a pas pu se payer ma tête 🙂
Ca n’est pas bien grave, comme le dit l’expression, un taxi peut en cacher un autre. Deux minutes plus tard une brave VW Santana 2000 s’arrête à mes côtés. Je monte et fièrement annonce ma destination. Sans se retourner le chauffeur m’annonce qu’il ne connaît pas. J’appelle au bureau, passe le téléphone au chauffeur, après quelques échanges amicaux, j’apprends qu’il ne connaît réellement pas le lieu où je veux me rendre.
Je descends donc et me mets en chasse d’un autre Santana. Celui-ci ne se fait pas attendre bien longtemps, après quelques minutes il arrive. Je monte et entonne le même air. Le taxi se met en branle, on est parti ! Je m’assure que le chauffeur connaisse bien la route, il me jette un “mei wen ti” (pas de problème) qui ne me rassure pas outre mesure. Il me demande d’où je suis et en profite donc pour me rappeler quelques événements douloureux : ji da ni (Zidane) et son coup de tête sur Materazzi. Nous arrivons quelques minutes plus tard.
J’entre dans le commissariat de police ou l’on m’indique la file d’attente. Je prends quand même soin de montrer mon adresse à un fonctionnaire de police afin qu’il me confirme que c’est bien ici que je dois m’enregistrer. Il me dit que oui mais que pour le moment je dois attendre sagement sur le banc prévu à cet effet. Bien Monsieur. Une demi-heure plus tard j’arrive fièrement devant le guichet et m’apprête à me faire enregistrer. C’est quand même le but de l’opération. Le policier m’annonce que je suis au mauvais endroit. En effet je dépends d’un autre commissariat. Je demande alors à avoir l’adresse de l’autre commissariat. Il me désigne un collègue un peu plus loin qui saura me renseigner.
De nouveau taxi, mais cette fois ci sans encombre et me voilà au commissariat de Yan An Lu. Pas de queue, c’est une bonne nouvelle. Cette fois-ci l’agent de police est une femme, et de surcroit souriante. Elle m’annonce que je dois photocopier mon passeport et mon contrat de location d’appartement. Elle me conseille une échoppe sur Tong Ren Lu et m’assure que ca ne prendra que 5min à pied.
10min plus tard j’arrive au 104 Tong Ren Lu. Je ne vois pas le dit magasin… mais je trouve le n°104. C’est une vieille maison en ruine dont la porte est entre-ouverte. A peine arrêté devant, qu’une espèce de M. Wang, rabatteur de la copie de père en fils, me demande ce que je veux. Ne sachant comment dire copie en chinois je lui lance un “co pi a”, les shanghaiens aiment les “a” à la fin des mots. Il me dit “ke yi” (c’est possible). J’entre donc dans la maison, on pousse la table de camping sur laquelle la famille était en train de prendre le repas du midi afin d’accèder au photocopieur. La maîtresse de maison donne l’impression de dominer la bête. Rapidement elle me tend mes copies, et je suis de retour au commissariat.
Quelques minutes plus tard je ressors du commissariat triomphalement, le “registration form” en poche. Quel bonheur de m’être éloigné de l’illégalité.